9 juin 2004, c’est la veille du bac philo (coïncidence ou signe du destin ???) que Soulfly  choisit de venir se produire dans la superbe salle de l’Olympia, résultat : une salle à moitié pleine et un public relativement âgé.
Soulfly version 2004 n’est pas venu seul, il a amené dans ses bagages EyesBurn, le groupe yougoslave (comme je ne sais plus si ils sont serbes ou croates – y’a eu des guerres à cause de ça – je dis qu’ils sont yougos) qui est invité sur le dernier rejeton discographique du sieur Cavalera.


Eyesburn a donc en charge de chauffer la salle, ce qui compte tenu de la température extérieure devrait être simple, quoique… Le reggae métal des Balkans ne fait visiblement pas l’unanimité et c’est devant un public stone/stoïque voir même abattu par la chaleur que le groupe interprète son répertoire de titres ponctués de plans jamaïcains typiques et de bon coup de trombone à coulisse – et non ceci n’est pas une blague. Le set se passe et se termine dans une indifférence quasi générale et la seule chose qu’on retiendra est l’accent anglais absolument mythique du chanteur. On dirait Arafat aux Guignols. Bref une fois passé sur ces considérations linguistiques, on se positionne pour la suite.

Je me permets une petite mise au point. D’un point de vue strictement personnel, je n’attends rien de ce concert. Le dernier passage à la Mutualité de Soulfly m’a laissé un souvenir plutôt médiocre (pour pas dire mauvais – sur le plan musical j’entends) et Prophecy est sans doute un des albums que j’apprécie le moins dans tout ce qu’a pu nous pondre l’homme aux dreadlocks et à la guitare 4 cordes.

Ceci étant dit, Soulfly arrive. Et là des centaines de paires d’yeux se mettent à briller. Pourquoi ? Parce qu’avec un line up pareil y’a de quoi pleurer. Marc Rizzo, pousser vers la sortie par ses petits camarades d’Ill Nino prend ici une toute autre dimension. Le mec montre qu’il manie la 6 corde de fort belle manière (avec des solos nickels) et apporte un réel plus tant sur le plan musical que sur le plan scénique. Autant dans Ill Nino il était juste le guignol qui envoie des kicks avec son sac à dos, autant là il fait pareil mais y met une classe et une joie de vivre ultra communicative. Du côté de la basse, on retrouve Bobby Burns de feu Primer 55 (groupe mythique pour son album culte Introduction To Mayhem). Là aussi, niveau présence et jeu, Soulfly y gagne, non pas que son prédécesseur soit un manche, mais Bobby il a la touch’. Enfin, de retour aux fûts, on retrouve Joe Nuñez. Petite batterie mais grosse puissance de feu. Vu son jeu et le répertoire live du groupe, il soutient sans problème la comparaison avec un Igor Cavalera des grands soirs. Maxou fut égal à lui-même, arranguant la foule avec ses phrases favorites. Je trouve cependant qu’il a un peu perdu en dynamisme sur scène. La fatigue ou l’âge ? Peu importe. Toujours est-il que Soulfly tient sans doute ici son meilleur line up car la prestation fut énorme (voyez que je peux dire du bien de Soulfly ;)).
Exit le Cavalera show, à croire que Maxou est devenu un chouilla plus humble avec l’âge (ou la barbe). Certes, la majeure partie du show repose encore pas mal sur ses épaules mais avec un line up pareil, il serait idiot de ne pas partager et comme il n’est pas idiot…
Ca démarre donc sur les chapeaux de roues avec des titres bien musclés issu des 2 derniers opus du groupe (Prophecy, Seek N Strike) et ça enchaîne sur du Sepultura (Roots, Territory) avant de repartir sur Jumpdafuckup. La majeure partie du set consistera en une alternance de titres issus des répertoires des 2 groupes. On aura notamment droit à des versions ultra joufflues de Troops Of Doom et Mass Hypnosis. Cependant, au fur et à mesure que l’on progresse dans le show, le son se dégrade. Si au début tout était clair et limpide, sur le milieu et vers la fin le son a tendance à se compacter et à rendre le tout brouillon voir même par moment carrément chiant car on ne capte rien. Sur Bleed, le fiston prend le micro pour assurer les parties « durstiennes » du chant… mais n’est pas Fred Durst qui veut. Un roadie prendra le relais sur Defeat U et la jouera coreux en gesticulant dans tous les sens avant que le groupe n’enchaîne sur Tribe.
Puisque Soulfly est un grande famille, la tribe au complet se retrouve sur scène pour Moses avec le retour de nos yougoslaves jamaïcains au trombone à coulisse. Moment très sympa où tout le monde sur scène s’est régalé. A 8 sur scène on aurait dit Slipknot avec les percus huhu… *hum* bref ça enchaîne sur le morceau tribal composé uniquement de percus. Le tout a perdu en intensité et en longueur, c’est un peu dommage car c’était vraiment un bon moment, c’était original et ça envoyait vraiment du gros. Le concert prend fin après Eye For An Eye et Back To The Primitive dans une version un peu crade à cause du son.

Avec 1h25 au compteur, Soulfly allonge son set de 50% par rapport à la dernière fois, le groupe semble uni et serein, on sent une complicité entre les membres qui ne semblait pas exister avant. Rizzo est transfiguré par son nouveau groupe, Burn est enfin reconnu à sa juste valeur, Nuñez confirme sont talent, Cavalera redescend de son nuage et refait de Soulfly live ce qu’il aurait toujours du être : une bête de scène.
Certes certains gimmicks ont la peau dure mais Soulfly redevient, pour moi, crédible sur scène et mérite que l’on se déplace pour les voir. Agréable surprise donc 🙂