Comme promis, voici le nouveau festival couvert cette année! Il s’agit du Steelfest en Finlande. Oui en Finlande, vous le savez quand on aime, on ne compte pas. Enfin si un peu mais pas trop quand même.
Tout d’abord, qu’est-ce que le Steelfest? C’est un festival de 2 jours qui se tient dans la petite ville d’Hyvinkää – 45 minutes de train au nord d’Helsinki. En elle même, la ville n’a ni le charme bucolique de Wacken ni l’attrait historique de Clisson donc si on vient là, c’est qu’on a vraiment quelque chose à y faire.
Quant au Steelfest, il existe depuis une douzaine d’années. Au départ réservé à un groupe restreint de personnes de la communauté Black Metal, il s’est ouvert au « grand public » en 2012. Il est surtout réputé pour ses affiches très pointues mélangeant groupes underground et « gros noms » avec en sus des concerts exclusifs – que se soit en terme de setlists ou de groupes jouant en exclusivité pour le Steelfest. Par exemple cette année c’est Marduk qui s’y colle avec un set spécial Panzer Division en « exclue mondiale » pour les 25 ans de l’album.
Les plus chatouilleux remarqueront la présence de groupes « sulfureux » lors des éditions précédentes, cette année ne faisant pas exception à la règle. Je vais être très honnête, on voit et entend des choses sur place qui « ne sont pas Charlie » du tout. Cela reste néanmoins extrêmement minoritaire.
De part sa taille (autour de 1800 personnes), sa situation et son affiche, le Steelfest n’a donc pas vraiment d’équivalent.
Quant au running order, voici ce que j’avais prévu. Le vendredi en priorité: Trollheims Grott, Myrkskog, Horna et Mysticum. Seigneur Voland et Monarque pour ma culture. Vargrav et Belphegor si la motivation y est. Le samedi, en priorité: …And Oceans, Gaahl’s Wyrd, MGLA et Marduk. Nargaroth, Deletere et Vital Remains pour ma culture.
Voila, ça c’est pour la théorie.
Dans les faits, une fois sur place il a fallu composer avec une orga à la zob sur certains points.
Aucune indication à la sortie de la gare pour dire « c’est par là », on suit la foule en espérant que quelqu’un sait où il va – dieu merci c’était le cas. Une fois devant l’entrée, on tâche de glaner quelques infos pour notre hébergement. Car encore une fois rien n’est indiqué. Pour dormir au Steelfest c’est « très simple », soit vous avez une moule de l’infini et vous avez réussi à avoir une chambre dans un des rares hôtels de la ville, soit vous campez dans le micro truc prévu par l’orga, soit vous prenez l’option de dormir dans une école proposée en package avec le ticket du festival – le choix judicieux. C’est sur un malentendu que nous avons appris l’emplacement de la fameuse école. Enfin emplacement… il a fallu se contenter d’un « prenez à gauche. Puis au rond point à droite » alors que dans les faits c’était un peu plus complexe que ça. Un grand merci à Google qui nous a amené à bon port.
Nouveau rebondissement, l’école n’ouvre qu’à 15h – qui joue à 15h? Trollheims Grott. Donc il a fallu choisir entre s’installer et aller voir le concert sachant qu’une fois qu’on est rentré sur le site toute sortie est définitive pour la journée. Bref, le gros des troupes par s’installer dans le gymnase tandis que nous optons pour une salle de classe et découvrons avec stupeur qu’il aurait été malin de prévoir au moins un tapis de sol histoire de ne pas dormir par terre. Innocent que nous fumes.
Comme c’est déjà arrivé par le passé, je fais acte de contrition en ce qui concerne les photos. Malgré moult demandes et relances auprès de l’orga (j’ai limite vendu mon cul), je n’ai pas eu d’accred’ – hélas.
Et la musique dans tout ça? On y vient.
Jour 1
Trollheims Grott
Re-10 minutes de marche dans l’autre sens pour finalement espérer voir la fin de Trollheims Grott. Pendant la fouille, j’entends Earth’s Last Stand qui résonne. Sans prendre le temps de me familiariser avec les lieux, je cours vers la salle où joue le groupe pour entendre « thank you bye » une fois que j’ai eu mis un pied dedans. A cet instant, ma tête devait être assez proche de ça:
Je pensais noyer ma déception dans une bière mais les tarifs au bar ont eu très très vite fait de freiner mon alcoolémie. Tenez-vous bien: 7€ la canette + 2€ de consigne soit 9 € la bière. J’aime autant vous dire qu’à ce prix là on savoure. Quant aux tarifs de la bouffe, ils sont aussi prohibitifs: 12€ le burger – sans frites ni boisson. Sachant qu’il y a un supermarché de l’autre côté de la rue (qui vend la même canette 2€45) et qu’on ne peut pas sortir du fest, on l’a un peu en travers. De l’aveux même des habitués: les tarifs sont limites abusifs pour ce qui est de la restauration.
Bière en main, nous faisons notre petit tour du propriétaire. Vous allez voir que ce sera vite fait.
Une fois entrée, on passe entre les 4 stands de restauration, ensuite à gauche se trouve la salle évoquée plus haut. Dedans il y a un bar, des bancs et en terme de capacité c’est un peu plus petit que l’Altar du Hellfest. Dehors, à droite on trouve un autre bar, le stand de merch’, 5/6 vendeurs de patchs/gadgets pour métalleux – dont un qui vendait des trucs pas Charlie du tout. Et au fond du site se trouve la scène extérieure. En gros le Steelfest tient sous le duo Alter/Temple du Hellfest. C’est donc tout petit. Et surtout, chose appréciable: le public ne bougent pas. Aucun slammer durant 2 jours, on peut accéder à la barrière sans forcer et ça c’est vraiment plaisant.
Myrkskog
Nous finissons donc notre visite du site devant la scène extérieure et Myrkskog. Myrkskog qui est venu, a vu et a vaincu. La branlée était attendue, elle a bien eu lieu. Le Death très très méchant des norvégiens a fait son oeuvre. Set aussi excellent que celui du Netherlands Deathfest il y a 2 ans. Qu’est-ce que c’était bon!!! En plus le son était vraiment excellent – une constante sur la scène extérieure.
Advent Sorrow
Je n’arrive pas à me souvenir si j’ai aimé ou pas. Je crois que c’était pas mal mais pas à s’en relever la nuit non plus.
Arkhon Infaustus
D’un ennui mortel.
Go reprendre une canette à 7€.
Antimateria
Un peu comme Advent Sorrow. Pas de souvenir précis du set si ce n’est que c’était correct avec quelques ambiances sympas.
Evil
Du Black brésilien très raw, basique avec de temps à autres quelques plans un peu plus Black n’ Roll. Pas ma came.
En bonne groupie, je suis allé faire signer ma place par Trollheims Grott qui était en dédicace. Marrant de voir qu’à part Marduk et Seigneur Voland tout le monde s’est prêté au jeu.
Monarque
Première bonne surprise du fest. Les québecquois proposent un Black avec de belles ambiances. Dommage que le son des claviers ait été aussi aigu.
Il va falloir se repencher là-dessus.
Seigneur Groland Voland
Nous sommes allés voir par curiosité. Bon… ben c’était chiant au possible. Du Black basique joué avec autant de conviction que les scènes de « comédie » chez Jackie et Michel.
Vargrav
Le régional de l’étape puisqu’originaire d’Hyvinkää.
Plutôt bien voire même très bien par moment. Comme la plupart des groupes ayant joué en intérieur, pas mal de claviers et des ambiances bien senties. Et comme tous les autres groupes, Vargrav aura eu un son cracra.
De toute façon, dans la salle, le son a toujours été beaucoup trop fort et aigu.
Belphegor
Depuis le temps que je dis que Belphegor alterne le bon et le moins bon en live, je finis par devenir hésitant quand ils passent. Ce soir là, il eut été bête de ne pas y aller. Jamais aussi bon que quand ils sortent la giffleuse, Helmut et ses compères ont mis les petits plats dans les grands. C’est comme ça que ça doit être Belphegor: rapide et bas de plafond!
Horna
Le groupe très attendu du jour. Ils n’ont pas déçu. Nous étions resté sur l’excellente impression qu’ils nous avaient laissé au Netherlands Deathfest de 2017, ça a mis un peu de temps mais nous avons retrouvé cette ‘vibe’ du NDF. Sans doute à cause de la taille de la salle qui se prêtait probablement moins à l’exercice. Un set solide.
Nous ignorons cordialement Immolation parce que ce n’est pas notre truc et attendons gentiment la suite au chaud dans la salle.
Mysticum
Pour finir la journée en beauté: le petit passage en boîte de nuit avec Mysticum et leur Black industriel. La boîte à rythme a tout défoncé, l’écran derrière eux en mode stroboscope a ajouté un surcroît d’hystérie à un truc déjà véner’.
Totalement génial pour peu qu’on rentre dans le délire. C’est peu de dire que j’ai pris un pied d’enfer.
Jour 2
Comme la journée s’annonce longue et que les concerts ne commencent qu’autour de 13h nous prenons notre temps.
Petit tour en ville puis déjeuner au soleil avant de repartir pour 12h de Black Metal non stop.
…And Oceans
P’tain la fausse joie.
On entend de loin le sample d’intro qui est une version remaniée de celui de Tears Have No Name. Avec ma moitié, nous nous regardons avec le secret espoir qu’ils la jouent. ‘las. Mais c’était vraiment très bien. Après un premier titre un poil poussif, ça c’est mis en route. Leur Black est très bon et varié.
A noter que le chanteur d’Horna les a rejoint pour un duo sur le dernier titre du set. Grand moment.
Deletere
On prend Monarque et on recommence puisque le line-up est quasi le même. La musique a aussi quelques similitudes mais je préfère le Black plus aéré de Monarque à celui de Deletere.
Belle prestation néanmoins.
Ensuite boycott assumé d’Aeternus, Grave Miasma et Total Self Hatred. Deiphago et Asphyx subiront le même sort plus tard.
Gaahl’s Wyrd
Excellent. Juste excellent. L’ambiance a mis un peu plus de temps à s’installer qu’à Wacken l’an dernier mais une fois en place. Paf! Au milieu des reprises de Gorgoroth et God Seed, nous avons eu quelques excellentes compos qui n’augurent que du bon pour l’album à venir plus tard cette année.
Kroda
Le chanteur aux allures de golgoth culturiste et sa petite bande nous ont fait sourire quand nous les avons aperçu à la séance de dédicaces. Sur scène les ukrainiens ont montré combien ils étaient crédibles. Proposant un Black paganisant avec beaucoup d’instru « exotiques », ils nous ont beaucoup plus. Petite remarque quand même: plutôt que de balancer des samples de flûte, prenez carrément un flûtiste, ça sonnera vachement mieux.
Une ligne de plus sur la liste des groupes à suivre.
Einherjer
Le set salvateur! Pendant 45 minutes on est sorti du blast beat et on est revenu à un truc basique/binaire qui fait du bien au cerveau. Et pourtant quelle claque! Un set vraiment bon, énergique et un groupe qui communique avec le public. Vraiment bien!
Naglfar
Ayant eu quelques échos peu flatteur sur leur compte, j’y suis allé sans trop de conviction. La surprise n’en fut donc que meilleure. Pas que se soit délirant mais c’est très très efficace, les compos tiennent et on sent le métier. C’est carré et ça fait le taff. Je me repencherai sans doute dessus à l’occaz.
A noter que le chanteur de Naglfar est une version Black Metal de celui de Beast In Black niveau look. Une fois qu’on a vu ça… impossible de se le sortir de la tête.
Odium
La bonne surprise/découverte de ce Steelfest!
Vous prenez Myrkskog, vous mettez Secthdemon au chant au lieu de Desthructor, basse/batterie vous gardez les mêmes, vous ajoutez 2 claviers et vous leur faites jouer du Black. PAN! La branlée dans ta gueule. Du Black atmo très très énervé (paradoxale je sais) qui n’a que les quelques envolées de claviers comme temps mort. C’est sans concession et c’est absolument mortel en live! Un groupe de plus qui s’ajoute à la longue liste de ceux sur lesquels il va falloir se (re)pencher.
Vital Remains
Pendant un bon moment je me suis demandé si les orgas n’avaient pas commis une énorme erreur de casting avec Vital Remains. Stylistiquement on n’est pas hors sujet avec du gros Death ‘ricain qui envoie non stop. Par contre un groupe US qui se la joue comme un groupe mainstream à vouloir des circle pits et à blablatter à base de « fucking this fucking that » entre les morceaux… Nope. Pas l’endroit, pas le bon public pour ça. Entre le chanteur (très bon au demeurant) qui fait un peu crados et la diva sponso L’Oréal à la lead avec son marcel, son brushing et son ventilo, c’était le grand écart.
Au-delà des apparences, ça joue vite, fort et c’est vraiment très bon. A mon goût un set de 30/35 minutes suffit à moins d’être fan inconditionnel.
Nargaroth
Probablement le pire set de Black du week-end avec paradoxalement le meilleur son. Le groupe joue avec 2 guitares mais pas de bassiste, ceci expliquant sans doute cela.
Donc pourquoi le pire set? Ben parce que le chanteur – René de son prénom – a le charisme d’une taupe sous skenan et que musicalement ce n’est pas fou. Avoir un titre comme Black Metal Ist Krieg au catalogue et proposé un set aussi peu passionnant…. ouch.
Oui se sont bien de vraies têtes des porcs empalées en haut des croix renversées.
MGLA
La grosse déception du jour.
Le BM plutôt groovy des polonais m’avait laissé un superbe souvenir au Hellfest alors que là… indifférence totale. La sauce n’a pas pris. Peut-être parce qu’ils jouaient en extérieur? Je ne sais pas en tout cas, ils étaient attendus et malgré la foule, certains semblaient en effet ne pas rentrer non plus dans le concert.
Marduk
Enfin! Nous y sommes, LE concert que beaucoup attendait. Marduk avec son classique Panzer Division en intégralité. Les premiers rangs sont chaud bouillant quand le groupe arrive sur scène. Tandis que Mortuus chauffait une salle qui n’en avait pas besoin en hurlant « PANZER » et que le public répondait « DIVISION », Morgan déboule sur scène avec un tshirt arborant une « totenkopf », ce qui aura pour effet de donner à certains des spasmes dans le bras droit (les mêmes que durant Evil et Seigneur Voland).
Sinon sur le plan musical: Marduk = branlée. Voila. Tout est dit. Un monstrueux cassage de gueule dans les règles de l’art. Un déferlement de haine et de violence comme j’en ai rarement vu sur scène. Dommage que le son de la caisse claire fut aussi fort. On entendait que ça. Bref, la division de panzers est passée et a fait ce qu’elle avait à faire: ne pas laisser de survivants.
Mention spéciale à Nils « Dominator » Fjellström et Simon « BloodHammer » Schilling, respectivement batteur de Myrkskog/Odium et Marduk pour avoir sorti des prestations totalement ahurissante. Ces mecs sont des monstres.
Bilan
Que retenir de ce Steelfest 2019?
Qu’il a fait très beau! Ce qui était relativement inattendu. Que s’y nourrir y est horriblement cher. Que l’orga est perfectible pour tout ce qui touche aux « à côté » du fest mais que sur le site en lui même c’est nickel. Que l’ambiance y est dans l’ensemble plutôt cool – si certaines choses déjà évoquées ne vous dérangent pas. Que niveau concerts/affiche ça n’a aucun équivalent et que si on aime le Black sous toutes ses formes, on en a pour son pognon. Donc oui définitivement à faire au moins une fois.
Est-ce que j’y retournerai? AH! Si l’affiche est au moins aussi bonne que cette année sans problème! Et je prévoirai le tapis de sol.