Grand saut dans l’inconnu ce soir. Ca faisait longtemps que je n’avais pas tenté d’aller voir un groupe en ne connaissant strictement rien de son œuvre et en ne me basant que sur la réputation de ses membres (bon là en l’occurrence un seul d’entre eux).
Cela en valait-il la peine, surtout à 35€ le ticket?

Le groupe en question c’est Vamps et Vamps quoiqu’est-ce? Se pourrait être un n-ième groupe de JRock comme seule la très prolifique industrie musicale japonaise nous en sort à la chaîne chaque année. Sauf que dans celui-là il y a Hyde. Et là vous allez me demander qui est ce Hyde? C’est le chanteur/guitariste de Vamps mais c’est aussi et surtout le chanteur de l’Arc-En-Ciel, mastodonte du rock nippon qui affichera l’an prochain 20 ans de carrière au compteur et qui fait parti de ces quelques groupes capables de vous remplir le Tokyo Dome et ses 55.000places en quelques heures.
Inutile donc de vous expliquer l’aspect événementiel que revêt ce concert. A plus forte raison quand on sait que la tournée mondiale de Vamps ne fait que 7 dates (New-York, Los Angeles, San Francisco, Shanghai, Santiago du Chili, Barcelone et Paris) ! Ca plus le simple fait que voir le loulou sortir de son île n’est pas chose courante (bien que l’Arc-En-Ciel ait fait un date à Paris il y a quelques années) et surtout, le voir jouer dans une salle de capacité raisonnable est encore plus rare. Allez savoir pourquoi l’animal a choisit de faire son concert à l’Espace Grande Arche, centre de conférence situé sous la Grande Arche de la Défense. La dernière fois que j’avais mis les pieds là-bas c’était pour une conférence sur le référencement de sites internet et… bref on s’en fout. Toujours est-il que le choix du lieu a finalement plutôt bien collé à tout ça. Salle vaste et bien ventilée, c’est un vrai bonheur de ne pas être coller aux voisins et de ne pas dégouliner de sueur simplement parce qu’on tape du pied en rythme. Bien que la configuration concert de la salle ne soit pas optimale – surtout pour les totos qui ont payé plein pot pour une place dite « en gradin » et qui se retrouvent comme des truffes à ne rien voir parce que le premier rang est debout, l’acoustique en revanche est assez surprenante de par sa qualité.

Comme on pouvait s’y attendre, on retrouve l’habituel troupeau de « kikoolol » déguisés (forcément c’est du JRock donc on se déguise) mais également un public plus âgé et aussi une certaine catégorie de gens qu’on ne s’attend pas forcément à croiser dans les travées de la salle: des japonais! Un nombre pas possible de japonais qui on visiblement fait le déplacement depuis l’archipel pour le concert. Oui ils sont un peu cintré mais c’est aussi pour ça qu’on les aime. Ca m’a fait repenser au japonais que j’avais croisé au Hellfest en 2007 qui avait fait le déplacement depuis Osaka juste pour voir Emperor. Tout ça pour dire que les japonais(es) et les kikoolol on les a entendu, ça donnait à l’ensemble un faux air de concert de Take That tellement ça piaillait.

Si on parlait musique maintenant que le décor est planté? mmm?
Soyons clair, Vamps n’invente absolument rien sur le plan musical. C’est du bon rock, bien foutu, extrêmement bien interprété et surtout très bien vendu sur scène par un groupe ultra carré, très pro mais qui au-delà de ça prend son pied. On sent qu’il y a une excellente cohésion entre eux, qu’ils se connaissent par cœur et qu’ils partagent leur plaisir avec le public. Ca faisait longtemps que je n’avais pas ressenti ça en voyant un concert.
J’avoue qu’en entendant les premiers morceaux, j’ai été un peu déçu par leur classicisme, ça aurait pu être fait n’importe quel groupe de JRock. Oui mais voila, après 3 morceaux pour lancer la machine, Vamps montre qu’ils ont autre chose à leur répertoire. Alternant morceaux ultras rythmés, limite métal par moment, et tempo plus lent, ils arrivent à instaurer des ambiances douillettes, superbement soutenu en celà par des lights comme je n’en avais pas vu depuis un long moment. Pourtant pas client des ballades et autres slows je dois admettre que je me suis laisser avoir. Après une heure de show, ils se sont mêmes lancés dans l’interprétation de titres plus expérimentaux aussi bien dans les structures que dans les sonorités. Surprenant au départ, on se laisse happer par la qualité qui en ressort. C’est ensuite reparti de plus belle sur des chansons plus rythmées mais aussi plus variées où l’on est sorti des morceaux faciles comme ils auraient pu en faire par paquet de douze.
A la réflexion je trouve la structure de leur set super bien pensée. On démarre sur du classique pour installer l’ambiance et ensuite on passe à des choses plus travaillées. Sont fort ces japonais. Autre chose sur laquelle ils sont fort, c’est la qualité du son. Après D’espairs Ray il y a 15 jours où le son était assez monumental, celui là était encore meilleur. Tout était à sa place: basse, guitare, batterie, claviers, voix… et il faudra vraiment chercher la petite bête pour remarquer que par moment ça saturait un chouilla sur le micro de K.A.Z. Une basse au « ronron » parfaitement audible, 2 guitares qui ne se cannibalisent pas, une batterie qui ne couvre pas tout le reste et des voix toujours claires et limpides quelques soit l’endroit où Hyde chantait (il avait 5 micros disposés de part et d’autres de la scène): un vrai bonheur.

Hyde parlons-en justement.
Des japonais qui se font des couleurs pour s’éclaircir les cheveux, au Japon on en croise un bon paquet chaque jour. Jamais je n’en avais vu parvenir à être blond… ben maintenant c’est fait. Oui Hyde était blond (choc dans l’assistance). Mais genre blond comme seuls les finlandais vivant au-delà du cercle polaire peuvent l’être. Bref passons sur ces considérations capillaires pour parler de la prestation du monsieur. Et quelle prestation! Ce type a une voix assez incroyable. Il tient les notes comme c’est pas permis, peut aller jouer dans les aigus aussi bien que les graves sans le moindre souci et taquine plutôt pas mal la guitare. On voit par ailleurs qu’il a du métier, beaucoup de métier. Très cabot, il prendra un malin plaisir en enchaîner les mimiques les plus clichés des rock stars japonaises et je ne vous parlerais pas de ses poses façon beau gosse qui ont déchaîné plus d’une fois des cris d’hystéries dans la salle. Pas comme si il ne pouvait pas se le permettre… Le bestiau sait y faire mais c’est toujours fait de manière juste, sans surenchère. Je n’ai pas senti d’hypocrisie dans sa façon de faire. Rien ne l’obligeait à faire l’andouille avec une peluche dans la bouche pendant tout un morceau, à étendre sur scène une bannière lancée par des fans ou bien encore à venir se prendre un petit bain de foule après 2 heures de concert. Mon côté bisounours aime à croire qu’il se permet ici des choses qui lui sont impossible au Japon du fait de son statut. L’autre truc que j’ai apprécié chez lui, c’est qu’il a fait l’effort de communiquer avec le public… et en français dans le texte! Cabotinant à mort en déclamant ses 3 phrases tout en faisant celui qui ne comprend pas ce qu’il dit. Y’a pas à dire, il est fort.
Quant aux autres, K.A.Z fidèle second de Hyde à la guitare, il a tenu son rang sans souci en livrant des solos propres. Ju-Ken est aussi bon bassiste que véritable pitre. Le mec a de la personnalité, du charisme, j’ose même dire qu’il apporte autant au groupe que Hyde au niveau de la présence scénique. Arimatsu à la batterie m’a fait penser à « Animal » dans le Muppet Show à cause de sa façon de jouer, secouant la tête comme un forcené à chaque roulement. Le petit dernier, Jin, planqué derrière ses claviers est plus discret visuellement mais a une espèce de voix grave à faire pleurer plus d’un chanteur de death. Vamps c’est donc une espèce de super groupe, des types qui connaissent le métier sur le bout des doigts et qui le font avec classe car dans leur prestation il n’y avait rien mais alors vraiment rien à jeter.

Il y a bien longtemps que je n’avais pas été aussi enthousiaste en sortant d’un concert. Un peu comme si mon côté vieux con blasé c’était fait la malle le temps d’une soirée.