La vie étant un éternel recommencement, direction le bucolique village de Wacken connu pour ses vaches et accessoirement son petit festival Metal.
Et c’est reparti pour 3 jours de gros son, de soleil, de pains au fromage, de bières et d’intenses moments de réflexions sur « caca tout de suite ou pas ».
« Un rouleau pour les gouverner tous et dans les ténèbres les essuyer »
Côté préparatif, rien de spécial à signaler, tout le monde est opé et côté confort, on s’améliore tous les ans. Côté voyage, cette année ce fut du billard, pas de ralentissements, rien! Notre périple s’est déroulé sans encombre jusqu’aux 10 derniers kilomètres qui furent un vortex de merdier intersidéral avec des bouchons de folie. Après un petit détour dans la cambrousse teutonne afin de trouver le chemin vers « notre camping » – car oui nous avons le privilège d’être dans le camping VIP – nous voila installés dans nos fauteuils de camping sous la tonnelle les pieds sur la glacière un godet à la main.
On est bien tintin on est bien! Maintenant ce Wacken 2013 peut commencer.
Je ne vais pas vous mentir, d’ailleurs vous le verrez assez vite, cette année le programme est relativement léger (comparer à l’an dernier). Pas envie de courir partout pour voir 3 titres et devoir partir ailleurs comme je l’ai fait au Hellfest: qualité oui, quantité non.
Comme pour le Hellfest de cette année, je vous propose mon running order et toujours le petit challenge qui consiste à voir si je lui suis fidèle ou pas: WOA 2013 – Running Order.
Jeudi – La communauté de l’anus
Dans la vie il y a des priorités… ET CA s’est en une, surtout si on est à Wacken 🙂
Le dernier passage de canadiens remonte à mon premier Wacken il y a tout juste 10 ans. A vrai dire je ne m’en souviens pas très bien. Si vous revenez me voir dans 10 ans, je vous répondrais sans doute que j’ai préféré oublier leur set de 2013.
Setlist peut intéressante malgré de nouveaux titres, manque de pêche évident (‘suffit de voir la tronche de Padden sur les photos), on va dire qu’il y a de meilleurs façons de débuter un fest’.
J’avoue avoir eu beaucoup de mal à quitter le confort douillet du campement pour aller voir Deep Purple. Mais le son de l’orgue Hammond à force de me titiller à fini par me convaincre que si je restais assis j’allais louper un truc génial. Et je m’en serais voulu d’avoir loupé ça, d’autant qu’on m’a gentiment filé une place à la barrière.
J’avoue ne rien connaître de la disco de Deep Purple hormis Smoke On The Water (bah oui quand même) mais j’ai adoré ce que j’ai entendu. Pour faire simple et concis: c’est la grande classe. Et puis Smoke On The Water avec Uli Jon Roth en guest c’était nickel.
Une légende de plus à mon actif.
Le « big » morceau de ce Wacken 2013. On dira ce qu’on voudra, Rammstein a domicile c’est autre chose. Déjà rien qu’au niveau du public – évidemment tout le monde y était – l’ambiance n’est pas à l’hystérie comme chez nous, c’est un public de connaisseur. Sans parler du fait que eux, comprennent les paroles du coup, ils sont vachement plus impliqués dans le délire du groupe. A noter également que tout le monde était à fond pendant les titres les plus anciens et que sur ce qu iest est récent la foule s’en cognait royalement – ce moment de solitude sur Benzin.
Pour le reste, Rammstein a fait du Rammstein: des flammes partout avec un bonus « gros pétards » qui partent de derrière la scène, une setlist sujette à discussion notamment à cause des morceaux récents (disons ceux extraits des 2 derniers albums). J’avoue que Ich tu dir weh pour commencer… bof. Rien à redire sur la suite (Wollt ihr das Bett in Flammen sehen?, Keine Lust, Sehnsucht, Asche zu Asche, Feuer frei!, Mein Teil), en revanche avec Ohne dich et Wiener Blut ça a baissé en intensité. Idem dans le public tout le monde a décroché. Heureusement est arrivé Du riechst so gut suivi de… Benzin (beurk). Ensuite on repart de plus bel avec un combo qui envoie du poney : Links 2-3-4, Du hast, l’intro de Rammstein qui enquille sur Bück dich, Ich will et puis on en arrive aux surprises. La première c’est Mein Herz brennt avec uniquement Till et Flake au piano. Ca a scié tout le monde et c’était aussi agréable que surprenant. Seconde surprise: Sonne avec en guest Heino. Heino est un chanteur populaire Allemand à la carrière longue comme le bras et comme il a récemment fait une reprise de la chanson sur un disque, Rammstein l’a invité à venir la faire avec eux à Wacken. Le clone rouge de Michou semblait parfois un peu perdu entre les mecs qui headbanguent et les murs de flammes mais il a reçu l’ovation du public. Restait juste Pussy pour finir.
Pas forcément le meilleur que j’ai vu mais un très bon concert de Rammstein.
A noter qu’on sentait un groupe vraiment heureux de jouer à Wacken et devant un public aussi nombreux que conquis – par 2 fois Till à remercier la foule. Je sais que c’est très subjectif de dire ça mais si vous avez déjà vu Rammstein sur scène, vous savez sans doute que ça ne communique pas du tout et que souvent ça expédie les affaires courantes mais il y flottait un petit truc dans l’air qui a fait que…
Ha et si vous pouvez aller voir Rammstein en Allemagne: FAITES LE. C’est pareil mais c’est pas pareil.
Vendredi – Les 2 ploufs
Entre 2 concerts, on s’occupe comme on peut…
…où bien on se tape un trip devant ce genre de conneries.
Voir les landais n’était pas prévu au programme mais comme c’était sur la route d’Eisbrecher, je me suis arrêté pour voir un morceau et je suis resté cinq.
Son à un volume indécent, Joe dans un grand jour, beau soleil: il y avait tout pour que ça envoie de troncs et ce fut le cas. Du Gojira en mode Godzilla comme on l’aime et je peux vous certifier que vu le peuple devant la scène, les allemands ont adoré. J’ai néanmoins préféré le concert du Hellfest.
Relégué sur la Party Stage, le groupe d’Indus de l’ancien Megaherz Alexx Wesselsky a délivré un set dont j’aurais aimé plus profité si le son de la Black Stage où jouait Gojira avait été moins fort. Bien que les 2 scènes soient distantes d’une bonne centaine de mètres, avec le vent défavorable on n’entendait pas grand chose même bien en face.
A côté de ça, sans être mauvais ça manquait un peu de pêche et comme (en plus) il n’y a qu’un album d’eux qui m’intéresse et que je suis arrivé APRES qu’ils en aient joué… ben je suis parti me chercher une pizza.
14h30, soleil de plomb (un bon 37 degré à l’ombre) mais ce n’est pas ça qui va nous arrêter. Ca non. Car pour Ugly Kid Joe je suis prêt à rôtir et j’ai eu raison simplement parce que c’était le meilleur concert de cette journée voir même du fest. Ma crainte résidait plutôt dans le fait que se produise le même souci que le matin avec le son, UKJ jouant sur la Party Stage et Ihsahn sur Black mais en fait non. En revanche il eut été de bon aloi d’inverser les 2 groupes car il n’y avait pas grand monde devant la Black Stage alors que UKJ a blindé la Party. ‘fin bon…
Setlist quasi identique à celle de Vauréal l’an dernier mais les musiciens ont assuré le show pendant le chaud. Whit’ Crane s’est mis le public dans la poche en descendant plusieurs fois de la scène pour « checker » le public et la sécu, voir même carrément monter sur la barrière du premier rang. Ca plus ce bon Klaus qui fait du moonwalk à la demande c’était simplement parfait *instant groupie* Ca plus Phil Campbell en invité de luxe qui est venu joué Ace Of Spades – Yipi! D’autant qu’à ce moment là, on ne le savait pas mais il fallait être là pour entendre la seule fois du week end où le morceau serait joué!
Quel pied!
Mais pourquoi? oui pourquoi suis-je venu perdre mon temps devant ça? J’étais bien, assis sous la tonnelle, une mousse à la main, attendant gentiment un groupe intéressant à aller voir et…
Bref, j’y suis allé sans a priori pour découvrir et très franchement je n’ai rien contre eux mais là c’était pas possible. Impossible de faire la différence entre les 3 grattes, chant quelconque (même pour du Deathcore) et… non ben en fait j’aime pas. Direction la Black Stage en espérant ne pas être trop loin pour Motörhead.
Je sors donc de l’immense chapiteau (abritant la WET Stage et la Headbanger Stage) sous lequel jouait Whitechapel pour me diriger vers la Black Stage et là je vois une marée humaine devant la scène. Pas de doute, cet unique concert estival de Motörhead est plus qu’attendu.
Pas de doute non plu sur la durée du concert quand j’ai vu la tronche de Lemmy. Blanc comme un linge, l’air visiblement très très fatigué, j’avoue dès le début avoir eu peur de le voir s’écrouler sur la scène. De toute façon dès qu’il s’est mis à chanter tout le monde à sembler voir qu’il était à la peine d’autant qu’il faisait encore très chaud quand le concert à débuter. Au bout de 3 morceaux, Phill Campbell a meublé avec un solo avant que le groupe n’interprète un dernier morceau et que Lemmy ne quitte la scène. S’en est suivi un immense silence. Comprenant que c’était fini bien qu’il n’y ait pas encore eu d’annonce, je plie bagage direction le campement. Voyant que ça ne redémarrait toujours pas au bout de 10 minutes, j’avoue que nous avons tous eu peur de vivre en direct un triste moment de l’Histoire du Rock. Finalement une annonce en allemand est faite – « show is over » traduira la sécurité, Doro nous rassurera plus tard pendant son set en disant que Lemmy a juste eu un gros coup de fatigue.
Je ne suis pas médecin, mais après la pose d’un pacemaker et quand on a la vie qu’a eu Lemmy, à son âge, même si on a des obligations contractuelles, on évite ce genre de folie. Bref, il est encore des nôtres et c’est tant mieux.
« Mais si viens! Tu vas voir ça va être bien! (…) blah blah blah ». Oui bon Doro il y a quelques années, dans ce même pré j’avais trouvé ça sympa, là ça m’a gonflé d’une force assez prodigieuse.
Cet empilement de cliché Metal n’a du plaire qu’à ses fans, sans parler des guests qui n’ont pas servi à grand chose – Chris Boltendahl (Grave Digger) aurait sans doute du aller à son rendez-vous chez le coiffeur, Biff Byford (Saxon) a vu de la lumière, Uli Jon Roth nous a fait du Anselmo en s’incrustant partout où il le pouvait, Phil Cambell (Motörhead) devait avoir de l’énergie à revendre… ou bien se faire chier dans les loges quant à Eric Fish (Subway to Sally) il est venu nous montrer toute l’étendue de son bon goût vestimentaire.
On s’fait chier!
C’est confortablement installé dans une chaise longue au bar VIP – à côté du chef de la Police – que j’ai regardé le set d’ASP. Bah oui, pourquoi être debout dans la foule quand on peut regarder ça sur écran géant assis au calme avec une binouze tout en profitant du « vrai » son du concert?
Blague à part, concert intéressant de la part de ce groupe un peu atypique aussi bien au niveau du look que musicalement. Certes le nouveau guitariste a une tête bizarre chante moins bien que l’ancien mais c’est bien Alexander Spreng qui est le centre de toute les attentions. Pas fondamentalement ma came mais pas désagréable pour autant, je suis content de voir que le groupe a eu droit à un public nombreux (vu l’heure tardive) et à un budget « pétards » conséquent.
Samedi – Le retour du sphyncter
Le coin VIP c’est aussi l’occasion de voir des légendes de près, ici Alice Cooper durant sa conférence de presse.
En allant voir Scott Ian, j’ai écouté de loin le set de FF.
Je peux vous le résumer assez succinctement: DE LA MERDE!
Interprétation poussive, chant hurlé abominable et le chant clair je le passe sous silence tellement il était hors sujet. Dommage car la setlist vendait du rêve.
Comme Henry Rollins l’an dernier (et cette année encore), Scott Ian se lance dans l’exercice du « spoken words ». Mais à la différence de Rollins qui abordait divers sujets de société, Scott Ian nous a raconté tout un tas d’anecdotes sur sa carrière et les rencontres qu’il a pu faire. Il est notamment revenu sur sa première rencontre avec Lemmy dans un bar de Londres en 1985. Un moment totalement épique à base d’alcool et de caca avec un docteur allemand armé d’une seringue et un Lemmy plus lui-même que jamais.
Fun et très très intéressant si on est un passionné de Metal.
J’ai vu de la lumière, je suis rentré et… je ne suis pas resté bien longtemps. Certes c’est très efficace, hyper vivant sur scène mais musicalement je n’accroche pas. Mes petits copains de voyage eux par contre sont restés et ont confirmé mon impression en disant le plus grand bien de la prestation du groupe..
L’instant « cassage de rotule » de ce samedi.
Ils étaient attendus et n’ont pas déçu. Lamb Of God a simplement dynamité la Black Stage ce samedi après-midi et ce malgré LA MEGA AVERSE qui s’est abattue durant leur set (la seule du festival).
Comme je les avais manqué au Hellfest il y a 2 ans, j’avais vraiment à cœur de les revoir sur scène et je peux vous dire que ça envoyait du lourd: Desolation, Ghost Walking, Walk with Me in Hell, Set to Fail, Ruin, Now You’ve Got Something to Die For après laquelle j’ai lâchement opté pour un lieu au sec.
Bien refroidi par la pluie, j’ai eu du mal à me motiver pour Anthrax mais j’ai bien fait de sortir de ma chaise pour foncer sur un site bien boueux.
Et pour tout dire, même pris en cours de route, il eut été criminel de louper ce set!
Je me suis frayé un chemin jusqu’au second rang pendant Indians et le reste n’est qu’un enchaînement de hits : Got the Time, Fight ‘Em ‘Til You Can’t, I Am the Law, Madhouse et Antisocial pour finir.
Ce vieux beau de Belladonna était dans une forme prodigieuse et les autres étaient relativement au taquet et ce malgré un groupe remanié à 40% avec Jon Dette à la batterie et Jon Donaïs à la lead. A noté que Balledona lâchera une phrase reprise par plusieurs groupes durant ce Wacken à propos du public: « I’ve heard the legend, I see they’re true » – comprendre que le public du Wacken est chaud patate. Pas faux vu la taille du pit.
Je suis venu voir pour ma culture personnelle, ce bon Glen jouissant d’un statut « culte » pour un certain nombre de gens. Je ne trahirais pas en secret en disant que je ne suis pas adepte de son culte. Bedonnant et sans trop de voix, malgré une setlist agréable et la présence de Doyle de Misfits, c’était mou et manquait cruellement de conviction.
Haaaaaa mon petit plaisir honteux du week-end! Fozzy et son catcheur de chanteur!
Soyons clair, si musicalement c’est à peu près tout sauf extraordinaire niveau présence scénique, ça carbure sévère! Certes Chris Jericho a une voix très (trop) aiguë mais franchement le lascar tient la scène et le public avec brio et les zickos derrière ne sont pas en reste. Pas le set du fest loin s’en faut mais une agréable surprise.
Idéalement, faut voir ça vautrer dans l’herbe une binouze à la main.
Suivi de très loin (trop peut-être) et distraitement, le set de la légende Alice Cooper m’a semblé être très très largement supérieur à ce que j’avais vu il y a 2 ans ici même et au Hellfest. M’en voudrais presque là.
Oui je suis allé voir Nightwish de mon plein gré et non je n’avais abusé d’aucunes substances hallucinogènes. Pour tout dire je sortais même de la douche (chaude pour une fois à Wacken).
Pourquoi y suis-je allé? Simplement parce que les nanas du groupe m’ont dit « ha mais tu vas voir avec Floor y’a moyen que soit bien! » Bien que ça ressemble étrangement au discours de la veille pour Doro, c’était à ça ou se faire chier à la tente en attendant « ménouga » donc tant qu’à faire… Et cette fois-ci elles n’ont pas menti. Nightwish avec Floor Jansen (chanteuse de feu After Forever) ça a de la gueule. Mieux, ça envoie de la bûchette!
Exit Tarja la cantatrice et Annette la chanteuse de pop, place à une « vraie » chanteuse de Metal sympho. Non je n’ai pas changé d’avis concernant le Metal sympho, c’est définitivement pas mon truc mais quand c’est bien fait, bien interprété et que sur scène ça envoie, il faut savoir l’admettre et là nier que ce que j’ai vu était excellent aurait été de la mauvaise foi pure et simple. C’était même tellement bien que j’ai fait le concert en entier (c’est pour dire), d’autant que le groupe filmait un DVD donc « en plus » il y avait des moyens conséquents niveau pyro et ça avait de la gueule.
Seul bémol, pas de Wishmaster… boah pas si grave que ça après tout.
La demi molle de ce Wacken. Oui Meshuggah reste Meshuggah, c’est toujours au poil de cul niveau interprétation, Jens Kidman a même parlé entre les morceaux, faisant lui aussi une réflexion similaire à celle de Belladonna concernant le public. En fait le truc qui clochait c’était le son. C’était mou MAIS MOU! Et Meshuggah sans sa déflagration sonore ça perd considérablement en impact et même si la setlist était correcte j’ai abdiqué après Bleed parce qu’un peu déçu et un peu rincé aussi.
Ceci dit, je n’ai pas tout perdu, j’ai pu admiré de relativement près la nouveau joujou de Fredrik Thordendal.
Une fois de plus, ces 3 jours sont passées à une vitesse sidérante avec toujours autant de plaisir.
Mais pour la première fois, se pose la question d’un éventuel retour l’an prochain. Alors certes, l’exclu Emperor plus Behemoth et Prong me titillent énormément mais les considérations financières comme le prix de la place plus le coût du déplacement commencent à peser lourd sur le budget de mes petits copains de jeu. Quoique… de toute façon à l’heure où j’écris ces lignes, le Wacken 2014 est déjà SOLD OUT (75.000 tickets écoulés en à peine 36h).
Perso je pense que j’y serais, histoire d’en avoir fait 10 et d’avoir vu celui des 25 ans après rien ne dit que nous n’irons pas jouer ailleurs en plus de Wacken car les pistes sont nombreuses: Summer Breeze, Metaldays, Brutal Assault 😉