Au bout de 10 Wacken consécutifs, nous allons partir du principe que vous savez de quoi il retourne et que je n’ai donc pas besoin de vous faire le laïus habituel sur les us et coutumes du lieu. MAIS, pour célébrer comme il se doit ce dixième Wacken, il fallait un truc exceptionnel, un truc hors du commun.
Ce truc c’est: LA BOUE. Hé ouais. 13 (putain) d’heures de pluie non stop dans la nuit de mercredi à jeudi ont transformé les chemins, le camping et le site en vaste merdier boueux dans lequel mes belles chaussures de rando sont décédées après un passage inopiné dans une marre de boue. Vous l’aurez donc compris, ce Wacken 2015 a commencé de façon très humide et est même devenu carrément glacial durant la nuit du vendredi au samedi car nous sommes passés aisément sous la barre des 7°. HAAAA il est beau l’été dans le Nord de l’Allemagne! Ca plus la navette « presse » de la carotte qui te laisse au bout du monde au fin fond du camping « des autres » parce que le chemin est impraticable. Passons.
Mais la grande question, celle que vous vous posez sans doute est: va-t-il arrêter de nous les casser avec la météo et sa logistique à la con pour enfin nous parler un peu de musique?
Bah OUI! Bien entendu! Nous ne sommes pas là pour aligner nos fions avec les astres!
Au programme, il y aura donc du Heavy, du Hardcore bondissant, du (mauvais) Deathcore, des allemands, du Heavy, des classiques du Metal à la pelle, un mec avec un animal mort sur la tête, du sang, du Death Metal et de l’eau chaude à la douche du camping – ouais vous vous en foutez mais pas moi, et un peu de mauvais Death mélodique.
Jeudi – 30 juillet
In Extremo
In Extremo n’était pas prévu au menu mais comme nous sommes arrivés tôt pour Rob Zombie, nous avons profité de la fin du set des allemands. Comme d’habitude à Wacken, la partie est gagnée d’avance, le public est présent en masse, ça joue bien et tout le monde prend son pied.
Rob Zombie
J’attendais au tournant Zob Rombie suite à son passage décevant au Hellfest l’an dernier. Lui aussi devait m’attendre car il semblait bien décider à me faire comprendre que ce que j’ai vu de lui un an auparavant n’était pas dans ses standards habituels. Là c’était d’un tout autre niveau. Setlist extra, son parfait et un Rob dans une forme prodigieuse qui jouera le jeu à fond avec son public en se permettant quelques escapades à la barrière pour la plus grande joie du premier rang.
Son groupe le seconde brillamment avec un Ginger Fish tout sourire du début à la fin, de même pour Piggy D. Enfin comment passer sous silence l’énorme John5 en mode fashionista qui change de tenue aussi souvent que de guitare tout en assurant une prestation de grande classe? La grosse perf du premier jour sans contestation.
Savatage/Trans-Siberian Orchestra
Vous le savez, le Heavy pour moi c’est au mieux un petit plaisir coupable de temps à autres, au pire une punition. Dans le cas présent, c’était plus de la curiosité parce que Savatage je n’en connaissais rien. Vendu par les quelques fans de mon entourage comme une référence en la matière, je suis allé voir pour ne pas mourir idiot d’autant que le show était annoncé sur les 2 Mains Stages en simultané – rien que ça. En effet, Savatage se reforme pour la première fois en 10 ans et partage la scène avec Trans-Siberian Orchestra, « l’autre » groupe monté par les gars de Savatage. Bref sur le papier c’est énorme, dans les faits ce le fut aussi. Le show était visuellement et techniquement bluffant, les chanteurs se répondant d’une scène à l’autre voir chantant en même temps. Grosse claque même si musicalement j’ai souffert.
Vendredi – 31 juillet
Sepultura
Le vendredi commence gentiment avec Sepultura qui nous a fait une setlist spécial 30ème anniversaire. Avec du vieux, beaucoup de vieux et les classiques intemporels qui font toujours le job (Arise, Refuse/Resist etc). Le groupe nous sortira même un petit Choke de derrière les fagots avant de conclure sur Orgasmatron et Policia, les 2 reprises les plus célèbres de leur catalogue. Rien de délirant mais une bonne ambiance et un groupe heureux, rien de tel pour bien commencer la journée.
Kvelertak
J’ai ensuite enchaîné sur Kvelertak, groupe que je m’étais promis d’écouter/voir au moins une fois pour comprendre l’engouement qu’il suscite parfois. Je vais être franc, je ne vois ce qu’on peut trouver à ce groupe. Ce n’est musicalement pas ma came, quant à la prestation en elle même, il a suffit de voir le public faire comme moi et tourner les talons assez rapidement.
At The Gates
Dans les bons jours, At The Gates ça envoie des patates non stop. Dans les mauvais c’est chiant à mourir. Mon dieu qu’on s’est ennuyé. J’ai eu l’impression de revivre leur concert en tête d’affiche ici même lors de la reformation. Lindberg tient la maison pendant que les autres prennent le café. J’ai toujours aussi mal quand je vois Erlandsson en train de peiner derrière son kit.
Ceci étant dit, j’ai ENFIN entendu/vu Under A Serpent Sun en live.
Queensrÿche
Ca a duré environ 2 morceaux, jusqu’à ce que quelqu’un passe les « noix » du chanteur dans un broyeur. Dommage car les compos ont l’air pas mal, je redonnerai peut-être une chance au groupe sur album.
Opeth
Ackerfelt, son gilet en tergal et sa petite moustache ça nous donne le Bernard Menez du Metal suédois. Bref, sorti de The Drapery Falls ce ne fut pas extra, d’autant que Mike a perdu son légendaire coffre et sa voix Death.
Dream Theater
Le malentendu du fest.
Ce n’est toujours pas ma came mais je leur reconnais cette capacité a toujours avoir un son live absolument démentiel.
Death Angel
Dans les bons jours, Death Angel ça envoie des patates non stop (déjà vu cette phrase quelque part mais où?). Et comme il n’y en a pas de mauvais, les californiens ont simplement atomisé la WET Stage. Ni plus, ni moins.
C’est énergique, ça joue, tout le monde s’éclate sur et hors de scène, le son était nickel, en un mot comme en mille: ze tuerie du jour.
Steve N’ Seagulls
Steve N’ Seagulls c’est le petit moment « what the fuck » du fest. Le truc qui sort de nulle part, qui ne se prend pas au sérieux et qui fait marrer tout le monde. Là où c’est très fort, c’est qu’en live ça assure grave et qu’en plus ils y mettent les formes avec un humour bien senti. Ca plus leur catalogue de reprises qui met tout le monde d’accord. Raaaaah ce final sur Thunderstruck!
Black Label Society
La curiosité m’a poussé à retourner voir Black Label Society, histoire de voir si le groupe me faisait meilleure impression qu’au Hellfest il y a 2 ans. Oui globalement c’était mieux mais je ne suis toujours pas convaincu. Zakk et ses interminables branlettes de manche c’est marrant 2 ou 3 morceaux mais ça devient vite pénible. Ca plus un son un poil brouillon tutoyant parfois la bouillie dans les graves, et non décidément j’ai du mal avec BLS.
In Flames
In Flames c’était le digestif de la soirée. Au Hellfest c’était honnête sans être fou fou, là c’était tout juste correct. Ha ça visuellement c’était énorme mais alors musicalement… ce début de concert sur Only For The Weak était d’un poussif. Ouch. En 4 morceaux l’affaire était pliée et il était évident que ce soir on se reposerait sur le visuel pour amuser la galerie. Les fans, eux, ont semblé heureux, ceux qui étaient un poil plus regardant sont vite retournés au bar.
Samedi – 1er août
Kataklysm
J’avais souvenir d’un groupe en feu sur la Black Stage ici même il y a quelques années. Visiblement la flamme ne s’est pas éteinte même si le groupe a été relayé sur la Party Stage. Ca avoine de bon matin même si je les aurais aimé un poil plus remuant.
Powerwolf
Pause bière devant Powerwolf en attendant Amorphis. Pas mon truc mais ça joue bien. J’ai en revanche un peu de mal à voir le lien entre l’imagerie du groupe et sa musique un poil cryptique.
Amorphis
Grand seigneur, je décide de donner une seconde chance à Amorphis après leur prestation abominable ici même il y a quelques années. Clairement, c’est mieux, beaucoup mieux même. Le chant est juste, ça joue plus propre, le hic cette fois-ci c’est moi. Impossible de rentrer dans le concert pourtant axé sur Tales From The Thousand Lakes qui fête ses 20 ans.
Biohazard
Je les avais manqué volontairement au Hellfest pour me rattraper ici, force est de constater que j’ai eu raison. Les new-yorkais étaient dans une forme prodigieuse! Bondissante même. Setlist résolument old school, en fait rien post State Of The World Address, c’était juste parfait! PARFAIT on vous dit.
C’était également la première fois que je voyais le groupe avec Scott Roberts en lieu et place d’Evan Seinfeld. Franchement, si ce n’est qu’il a moins de tatouages, on ne voit ni entend la différence tellement le mec gère. Du grand Biohazard.
Rock Meets Classic
Tournée qui remplit d’immenses salles en Allemagne, Rock Meets Classic s’autorise une date en plein air, toujours avec son orchestre et toujours avec sa pléiade d’invités prestigieux.
Prenant le set en cours de route pour cause de Biohazard, je découvre sur scène Michael Kiske et Kai Hansen – 2 membres fondateurs d’Helloween. Devinez quoi? Ils ont joué au Helloween avec l’orchestre! Hé ouais. Nous aurons donc droit à la mythique I Want Out avec les patrons. Et pour finir le concert en beauté, il y aura un dernier invité, celui qui mettra le feu par son charisme et ses vannes: Dee Snider. C’est bien simple, avec son tshirt « Stop making selfies » et les âneries qu’il débite, le public est entré en transe. Et quand les classiques de Twisted Sister ont été joué, c’était le feu.
Le concert c’est conclus sur « l’hymne de tous les amoureux du Rock et du Metal » dixit Dee Snider: Highway To Hell. Juste fabuleux.
Bloodbath
J’étais allé au Hellfest juste pour eux (et Body Count), je suis venu à Wacken juste pour eux: Bloodbath.
Le facétieux Nick Holmes a regretté que le set ne soit pas transformé en « mudbath », perso le soleil ça m’allait très bien. Blague à part, hormis le son version mammouth, aucune différence par rapport au set du Hellfest. Setlist identique – je déplore toujours la présence de Mock The Cross, et grosse banane de toute le monde qui semble s’éclater.
Le compte twitter de Wacken avait teasé la présence d’un invité spécial pour ce concert en précisant qu’Opeth avait joué la veille sur le fest. Tout le monde s’attendait donc à voir Mike Ackerfelt déboulé sur scène. Que neni. C’est rien de moins que Dan Swanö (membre fondateur du groupe, batteur puis guitariste et accessoirement légende vivante du Death suédois) qui est venu conclure le concert sur Eaten. PUTAIN QUEL PIED.
Cannibal Corpse
On va faire simple: relisez ce que j’ai écrit sur le groupe lors de son passage au Hellfest. La seule différence notable ici est la longueur du set.
Sabaton
Un rayon de soleil, une tartine de pain à l’ail nappée de fromage et Sabaton qui fait son show sur la Black Stage, la recette idéale pour être heureux? Si on enlève Sabaton oui. Pas que se soit mauvais, c’est juste inintéressant. Ha ça les allemands en raffole, sans doute parce qu’il y a des chars sur scène (oui je sais elle est facile) mais à part ça… ha si ils ont filmé le concert donc attendez-vous à voir bientôt sortir un « Sabaton live at Wacken ».
Judas Priest
Bien mieux qu’au Hellfest, Judas Priest a sorti un concert dantesque avec un son monstrueux et un Rob Halford très en voix. Rien de nouveau sous le soleil, la machine est rôdée et ce final sur le combo Painkiller/Living After Midnight est toujours un vrai régal.
Suicide Silence
C’était ma dernière tentative de voir un truc nouveau lors de ce Wacken 2015. Et bien j’ai perdu 30 minutes de ma vie devant Suicide Silence. Ha ça ils gigotent mais musicalement on n’y comprend rien – pourtant le son était bon. Bref…
Globalement, cette édition 2015, sans être la plus mémorable, reste un bon cru. Pas de grosse surprise à noter, ceux qui devaient être bon l’ont été, ceux qui devaient être moyen l’ont été, ceux dont on n’attendait rien nous l’ont bien rendu et les quelques tentatives de découvertes ont été des échecs cuisant mais c’est aussi ça le jeu du festival.
Quoiqu’est-ce qui est prévu pour 2016? Pour l’instant rien de bien fifou, voyez-vous même: Axel Rudi Pell, Blind Guardian, Borknagar, Callejon, Dragonforce, Eluveitie, Eskimo Callboy, Henry Rollins – Spoken Word, Kylesa, Legion Of The Damned, Ministry, Orden Ogan, Orphaned Land, Pyogenesis, Steel Panther, Therion et Unisonic. Bien entendu c’est déjà complet.
Voila, vous savez tout. C’était boueux mais c’était bien. Honorerons-nous l’édition 2016 de notre présence malgré ces premières annonces dégueulasses? Probablement.
Finirons-nous un jour par aller voir ailleurs comme je le dis depuis 4/5 ans maintenant? Probablement aussi.